Origins

Sois le changement que tu veux voir dans le monde. Gandhi

Mon projet s’est déclenché en Inde, un an auparavant, par la découverte et ma fascination devant le portrait photographique d’un Ramnami (qui appartient à cette communauté d’intouchables dont les corps sont entièrement tatoués d’écritures). Le récit initiatique imaginé pour ce film tente d’évoquer la force de cheminement de ces Intouchables qui ont trouvé, dans ce geste irréversible, une manière de se réhabiliter. Une quête vers la réconciliation avec soi-même.
La construction de ce film fut l’occasion d’y synthétiser mes pratiques et mon intérêt pour les arts visuels, le cinéma, la performance, la danse et la musique ; mais aussi, ayant grandi à l’Île de la Réunion, de mettre en jeu la mixité de mes origines culturelles.
Réalisé avec une équipe indienne, le film est également une porte d’entrée dans la culture politique, littéraire et musicale de l’Inde.

Be the change that you wish to see in the world. Gandhi

My project was initiated in India, one year before, from the discovery and my fascination facing a photographic portrait of a RAMNAMI (which belongs to the untouchable community whose bodies are fully tattooed with writings). The story of initiation imagined for this film attempts to evoke the strength of these untouchables who have found, in this irreversible deed, a way to rehabilitate themselves. A quest towards reconciliation with oneself.
The construction of this film was an opportunity to synthesize my practices and my interest in the visual arts, film, performance, dance and music ; also, having grown up on the Reunion Island, to expose the diversity of my cultural background.
Directed with an Indian team, the film is also an entry in the political, literary and musical culture of India.

Note détaillée

Il y a plus d’un siècle, bien avant l’arrivée de Gandhi et l’indépendance de l’Inde, une communauté d’Intouchables, au centre de l’Inde, décida de réinventer son rapport à la tradition. Les Intouchables, dans la tradition Hindou, se situent en bas de l’échelle du système de castes spécifique à cette religion. Dans ce système, ils sont considérés comme impurs, dans toutes les dimensions possibles, car, entre autre, ils sont en charge des détritus et de la merde collective. Ce système n’est donc pas seulement une structure religieuse, elle structure les rapports sociaux et politiques.
A la fin du 19e siècle, une communauté d’Intouchables, les Ramnamis, comme ils se sont désignés eux-même, ont donc décidé d’engager un changement dans ce système de castes en se tatouant le mot « Ram » (le nom du dieu Ram) sur tout le corps. Cet acte, à la fois politique, spirituel et pictural, d’une étonnante puissance, émergea d’abord de manière individuelle à travers les rêves de certains d’entre eux – qui le vécurent comme une nécessité – et en inspira d’autres. Elle déclencha une grande polémique, en particulier au près des Brahmanes, les prêtres garants de la tradition et la transmission religieuse et spirituelle, placés en haut du système. En effet, les Ramnamis commencèrent à inventer leur propre organisation sociale et spirituelle, en abolissant les structures hiérarchiques traditionnelles. Aujourd’hui, la culture Ramnami est devenue une institution religieuse à part entière mais en mutation. Elle continue de transmettre l’idée d’une réhabilitation sociale des Intouchables construite sur le principe d’une ré-appropriation du sacré et de la créativité. Tel est le sens de ce geste.

On peut rappeler que ces actions sont apparues à la fin du 19e siècle. Ils provoquèrent, avec radicalité, un questionnement social, politique et spirituel à travers des gestes dont la force picturale et poétique pourrait résonner avec l’histoire de la performance contemporaine.

Mon projet prend source dans ces gestes. C’est dans une fiction poétique que je souhaite le développer. C’est la part intérieure comme cheminement qui me questionne en tant qu’elle visait à une réhabilitation, à une réconciliation. La fiction pour inventer un rituel à cette écriture.
Cette écriture pour parler de la relation du corps aux mots, du fait que notre corps est construit par le langage, que notre histoire est inscrite dans notre chair, que nous naissons par le verbe. La poétique comme manière d’arracher du sens au monde par les mots.
La forêt comme lieu du mystère, de la transformation et des liens archaïques avec le vivant. La vache indienne comme représentante de la parole mais aussi de la sacralité de toute créature.

 

 

Photo : © Olivia Arthur 2005

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